L'ACTU.
Dragon Ball fête ses 40 ans mercredi 20 novembre. Le manga, crééen 1984, raconte la vie et les aventures du prodige des arts martiaux Son Goku depuis son enfance. Il s'est vendu à plus de 260 millions d'exemplaires dans le monde selon le site spécialisé Mangazenkan. Il a engendré de nombreuses adaptations à la télévision, au cinéma ou en jeu vidéo et connu de nombreuses suites comme Dragon Ball Z.
«Pour moi, Dragon Ball est comme un miracle», avait déclaré Akira Toriyama dans un entretien accordé au quotidien Asahi en 2013. «Il a aidé quelqu'un comme moi, qui a une personnalité tordue et difficile, à faire un travail décent et à se faire accepter par la société».
LES ARCHIVES COMMENTÉES.
« Je fais partie de cette génération qui a connu Akira. Où vraiment on se le passait dans la cour d’école et on regardait ça avec stupéfaction ! », se souvient pour l'INA Matthieu Pinon, journaliste spécialisé en pop-culture japonaise. En 1990, Akira fut le premier manga publié en kiosque en France. À la télévision, la nouveauté était accueillie avec réserve : « Attention, la horde sauvage attaque ! Akira, la BD ultra-violente qui vient du Japon pour être éditée chez Glénat. »
Matthieu Pinon explique : « Jacques Glénat, éditeur de bandes dessinées français, était parti au Japon avec pour objectif de vendre de la BD aux japonais. Et quand il est arrivé là-bas, il s’est rendu compte que la bande dessinée, c’était 100 fois plus prolifique qu’en France. Il avait compris qu’il n’avait aucun intérêt à essayer d’exporter de la BD là-bas. Il a importé un titre et il a fait une très bonne pioche puisqu’il a choisi Akira. »
À la télévision, les mangas étaient vus comme violents
Et pourtant, si le manga était l'objet de sujet dans les journaux télévisés dès son arrivée en France, il n'avait pas convaincu les journalistes. Comme en 1990 : « On reproche à Akira une trop grande violence dans les dessins, dans l’histoire. » Puis, en 1995 : « On va parler d’un phénomène qui prend de l’ampleur. Les mangas. Moi j’ai peur ! Je vous le dis ça me fait très peur ! » Ou encore : « Une véritable usine d’images, vite dessinées, vite lues. De la BD jetable à un prix dérisoire. Sur du papier recyclé à un format poche, elles touchent les jeunes en mal d’humour corrosif, de sexe ou de violence. »
Selon Matthieu Pinon, ces inquiétudes allaient au-delà d'une violence dans les dessins : « Cette peur, c’est la peur de l’inconnu. Voilà, il y a quelque chose qui arrive avec des codes qu’on comprend absolument pas et ça fait peur ! » Et de poursuivre : « C’est une culture contemporaine, étrangère, qui vient d’un pays dont on ne connaît rien. Tout ça fait peur ! Donc il faut qu'on dise que ça fait peur afin de diaboliser tout ça. C’est une chasse aux sorcières et c’est un réflexe humain qu’on a eu depuis des années. Et les médias se sont jetés à pieds joints dans cette mare ! »
La démocratisation des mangas
À partir du milieu des années 90, cette perception changea petit à petit. Face au succès des mangas, les journalistes furent obligés de prendre le phénomène au sérieux. « On a deux chefs de file qui vont être Dragon Ball et Sailor Moon. Il y a les projections des films Dragon Ball au cinéma qui vont faire un triomphe hors du commun. Il y avait un responsable marketing à l’époque qui disait : “Mais moi, vous me donnez une pomme de terre, je mets Dragon Ball dessus, je la vends !” », raconte Matthieu Pinon.
Aujourd’hui, en France, plus d’une BD vendue sur deux est un manga. Et, rappelle Matthieu Pinon : « En 2021, la France est le 2e pays consommateur de mangas au monde, après le Japon. » Avec une inquiétude pour le marché : « Le manga tient le marché de la bande dessinée française. Maintenant, économiquement…. la BD française repose quasi uniquement sur les ventes de mangas, ce qui est très inquiétant. Ça veut dire que nous, de notre côté, on n’est plus capables de créer pour notre marché local des titres qui soient à succès. Et la deuxième chose, c’est que quand le Japon s’enrhume, c’est la France qui éternue ! Puisqu’on dépend uniquement du marché éditorial japonais. »
Pour les créateurs de contenus
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