L'ACTU.
Jeudi 7 novembre, un incident diplomatique s'est produit dans le domaine national de l’Eléona, appelé aussi Pater Noster, sur le Mont des Oliviers à Jérusalem. Alors que le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, en visite en Israël, puis en Cisjordanie occupée, s'apprêtait à visiter les lieux, il constata que trois policiers israéliens se trouvaient à l'intérieur. Ce territoire appartient à la France depuis 150 ans, à l'est de Jérusalem, dans la partie annexée de la ville. Se refusant à entrer tant que la police israélienne serait là, il déclara : « Je ne vais pas entrer parce que les forces de sécurité israéliennes y sont entrées sans obtenir auparavant l'autorisation de la France, ajoutant, Cette situation est inacceptable. »
À l'intérieur, trois policiers israéliens armés faisaient face à deux gendarmes français qui leur demandaient de partir. Les policiers israéliens ont refusé et ont interpelé les militaires français devant les micros et les caméras des journalistes.
Ces écarts sont fréquents, notamment pendant les visites de présidents français en Israël, souvent source de tensions. Un des exemples les plus connus remonte à 1996 avec le déplacement de Jacques Chirac à Jérusalem. Une visite qui se transforma en incident diplomatique rapidement résolu, mais qui laissa des traces.
L'ARCHIVE.
La presse avait parlé d'un « coup de sang » de Jacques Chirac. Cette visite en Israël en 1996 constituait alors sa première grande tournée diplomatique, un an après son élection à la présidence de la République française. Il s'agissait de se rendre dans six pays en huit jours : Syrie, Israël, Palestine, Jordanie, Liban, Égypte.
C'est à Jérusalem-Est que la colère présidentielle s'est exprimée contre les mesures de sécurité imposée par la police israélienne. En effet, ce 22 octobre 1996, le service de sécurité israélien est partout là où Jacques Chirac veut aller dans les rues de la vieille-ville. Et de fait, le président français se retrouve dans l'impossibilité d'aller au contact des Palestiniens. C'est alors que via Dolorosa, la voie qu'aurait empruntée le Christ avec sa croix selon la tradition chrétienne, le chef de l’État s'est emporté - « Qu'est-ce qu'il y a encore comme problème ? Je commence à en avoir assez ! » - et qu'il a lancé en anglais au chef de la police israélienne ces paroles qui vont faire le tour du monde :
- « What do you want ? Me to go back to my plane and go back to France ? Is that what you want ? Let them go, let them do. This is not a method, this is a provocation. That is provocation. Please you stop now. » (Que voulez-vous ? Que je retourne à mon avion et que je rentre en France ? C'est ce que vous voulez ? Laissez-les aller, laissez-les faire. Ce n'est pas une méthode. C'est une provocation. Ceci est une provocation. Arrêtez maintenant s'il vous plaît.)
Une tirade à retrouver en intégralité dans l'archive en tête de cet article.
Quelques minutes plus tard, Jacques Chirac refusera d'entrer dans l'église Sainte-Anne. En cause : des soldats israéliens ont pris place à l'intérieur du site. « Je ne veux pas de gens armés en territoire français... J'attendrai », explique le président, comme on le voit dans le reportage diffusé sur France 2. Finalement, les soldats israéliens finiront par quitter l'église.
En fin de journée, le premier ministre israélien, déjà Benyamin Nétanyahou, présenta ses excuses au président français et à sa délégation, ce dernier estimant ensuite que l'incident était clos.
Toutefois, cette visite permit à Jacques Chirac de jouir d'une forte popularité dans le monde arabe. À travers elle également, le président français endossa le costume symbolique de celui qui a dit « Non » à Israël. De nombreux journalistes qui suivaient ce déplacement ont raconté les répercussions immédiates et futures de cette séquence.
Paul-Henri du Limbert, un ancien directeur du Figaro, avait couvert ce voyage pour l'AFP. Dans une vidéo, il avait expliqué qu'il avait assisté là, sous ses yeux, « à ce qu'on pouvait qualifier d'incident diplomatique » avec toute la valeur que cela pouvait représenter de vivre au grand jour ce qui souvent est feutré.